Petit manifeste personnel: la matière que j’aime et pourquoi je la propose
J’aime voir les formes mécaniques en mouvement et leur résonance dans l’air et dans la lumière. Et je reste toujours fasciné quand je contemple les vibrations des énergies qui se déploient et se transforment.
J’aime la beauté d’un son seul dans l’espace et les vibrations de la matière qui résonnent dans l’air. J’aime être porté par une musique qui, à l’instant même me parle avec un sens à nul autre pareil. La musique est dans ma tête et en même temps je la vois bouger devant moi et tout autour de moi.
J’aime voir la symphonie des éléments vibrants coordonnés par la pensée, l’écriture ou le jeu. J’aime les forces mouvantes qui deviennent musique par le jeu des hommes combiné à celui des éléments de la nature.
Sons de bois, de verre, de gorge ou de pieds, dispersés dans l’espace, venant du ciel, de la terre ou de tous les horizons. Respirations lointaines dues aux frottements de masses métalliques dans de grands tambours rotatifs. Respirations de toute proximité dues aux bruissements de larges feuilles dans le vent de ventilateurs aux régimes changeants. Résonances cristallines de formes métalliques percutées par les mouvements de longs marteaux et sur lesquelles se superposent le son d’une flute entretenue par un piston qui s’abaisse lentement. Tonnerre des déferlements d’énergies accumulées sous haute pression qui se répandent rythmiquement sur une multitude de percussions. Base « ostinante » de cordes alternativement excitées par des fouets électriques. Nappes de sons de carillons électromécaniques venant des quatre points cardinaux et hurlements harmonisés de moteurs à explosions tournants à haut régime scandés par le balancement des orgues animés par les explosions des mêmes moteurs. Rumeur tour à tour à peine audible ou assourdissante des harmonies vibrantes des orgues thermiques dans lesquels on pénètre comme dans une forêt.
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Il s’agit de montrer la beauté mais aussi la profondeur et la nécessité de l’inutile.
Alors bien sûr, ce n’est pas toujours adapté à une salle de spectacle, à une jauge pour laquelle il faut mouliner les sons pour les faire passer dans la sono sous forme de bouillie où je perd tous mes petits. Sans parler pour le public de la perte de la proximité des machines et de la perte de la liberté de s’y promener. C’est une des raisons pour lesquelles je vais aussi dehors, dans l’espace public ce qui rajoute aux plaisirs précédents celui de trouver des solutions et des scénographies pour adapter mon travail aux lieux tels qu’ils se proposent.